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Le long-métrage affirme raconter l’histoire vraie de trois étudiantes hindoues et chrétienne manipulées par des hommes musulmans pour rejoindre l’EI, faisant écho à la théorie du «love djihad», fomentée par les nationalistes hindous.
ParCarole Dieterich(New Delhi, correspondance)
Temps de Lecture 3 min.
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The Kerala Story vient s’ajouter à la liste, toujours plus longue, des films instrumentalisés par les nationalistes hindous. Brouillant volontairement la frontière entre fiction et réalité, ce long-métrage de Sudipto Sen raconte le sort d’innocentes femmes hindoues ou chrétiennes recrutées par l’organisation Etat islamique (EI) dans le Kerala, Etat du sud de l’Inde. Le film met en scène deux hindoues et une chrétienne séduites par des hommes musulmans aux intentions diaboliques. Une fois sous leur emprise, elles subissentun «lavage de cerveau». L’une d’entre elles, convertie à l’islam, va se retrouver embarquée par son mari dans les rangs de l’EI.
Le réalisateur prétend que l’histoire de ces trois étudiantes infirmières s’inspire de faits réels. La «mission» du film «dépasse les frontières créatives du cinéma», c’est «un mouvement qui devrait atteindre les masses à travers le monde pour les sensibiliser», a déclaré Sudipto Sen, présentant son œuvre de fiction tel un documentaire et soulevant des questions sur les lignes de plus en plus floues entre cinéma et propagande.
La thématique du film renforce un mythe cher aux nationalistes hindous, celui du «djihadde l’amour». Cette théorie, fomentée par les extrémistes, voudrait que les hommes musulmans courtisent les femmes hindoues dans le seul but de les convertir. Aucune donnée fiable n’existe pour étayer ce prétendu phénomène mais plusieurs Etats indiens, dirigés par le Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre, Narendra Modi, se sont dotés de lois draconiennes, permettant de criminaliser les conversions par le mariage.
Controverse
The Kerala Story, sorti dans les salles le 5mai, a été marqué par la controverse dès la diffusion de sa bande-annonce en novembre2022. Le personnage principal, incarné par l’actrice Adah Sharma, y affirme, voilée et face caméra, que 32000femmes du Kerala ont disparu après avoir été embrigadées par l’EI. Une estimation sans fondement et vraisemblablement largement exagérée, qui a provoqué l’indignation.
Le très sérieux site de fact-checking Alt News a estimé qu’il n’existait «aucune preuve» pour étayer ce chiffre et le réalisateur n’a jamais été capable de préciser ses sources. Selon un rapport du département d’Etat américain sur le terrorisme, il y avait «66 combattants connus d’origine indienne affiliés» à l’EI en novembre2020.
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Plusieurs plaintes ont été déposées devant la justice pour tenter de faire interdire le film, au motif qu’il s’apparenterait à un discours de haine contre la minorité musulmane du pays. Aucune n’a abouti. Le réalisateur a néanmoins dû retirer la bande-annonce avec les chiffres non vérifiés. La description de la vidéo de promotion sur YouTube fait désormais référence à «la compilation d’histoires vraies de trois jeunes filles», contre 32000 auparavant. Le Bengale-Occidental, dirigé par un parti d’opposition, a fait interdire le film au motif qu’il serait basé sur des «faits manipulés» et contiendrait des «discours de haine», afin d’éviter toute violence. L’association des multiplexes du Tamil Nadu (Sud) a également annoncé qu’elle ne diffuserait plus le film dans cet Etat d’opposition. La Cour suprême indienne a néanmoins suspendu, jeudi 18mai, l’interdiction imposée par le Bengale-Occidental et demandé au Tamil Nadu d’assurer la protection des cinémas.
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